Le Fourmilier

LE FOURMILIER

Le 31 janvier 2024

Le 4 février, la Mairie de Paris organise une votation sur le triplement du tarif de stationnement public des SUV. Alors que certains tentent de raviver le conflit “Bobos parisiens VS Banlieusards automobilistes”, Le Fourmilier a analysé le vrai profil de ceux qui seraient touchés par une telle mesure.

Les SUV à Paris

Qui va payer ?

icone suv

Avant tout, définissions ce que cible la Mairie de Paris lorsqu’elle parle de SUV. Le triplement du tarif de stationnement public concernerait ainsi :

  • les véhicules essence, diesel, hybrides de plus d’1,6 tonnes
  • les véhicules électriques de plus de 2 tonnes

Notons que cela ne recoupe pas la définition originelle des SUV, qui n’est en fait pas très claire.

Les SUV, ou Sport Utility Vehicles, sont davantage une catégorie marketing qui désigne des véhicules surélevés et de gabarit supérieur par rapport à une voiture classique.

Dans l’analyse suivante, Le Fourmilier se fonde sur les données de SUV par commune fournies par AAA Auto, et reprises par BFM TV. Les SUV y correspondent à l’ensemble des “B-SUV, C-SUV, D-SUV, E-SUV, F-SUV”, qui composent la catégorie “SUV”. Si cette définition ne correspond pas tout à fait à celle de la Mairie de Paris, nous parlons tout de même en général des mêmes véhicules, ceux qui sont plus gros, plus lourds, plus polluants.

Dernier point méthodo, le taux de SUV dont on parle ensuite est le ratio entre le nombre de SUV et le nombre de véhicules, tous types confondus. Les véhicules détenus par les garages et les transits temporaires sont exclus.

Maintenant que la méthodologie est définie, passons à l’analyse :

Les SUV sont répandus dans le centre et l'Ouest de Paris, ainsi que dans les communes Hauts-de Seine

Cette carte représente le taux de SUV dans les arrondissements de Paris et les communes des trois départements limitrophes : Hauts-de-Seine (Ouest), Seine-Saint-Denis (Nord-Est), Val-de-Marne (Sud-Est)

On voit bien qu'il y a beaucoup de SUV dans les arrondissements du centre et de l'Ouest de Paris, ainsi que dans les communes des Haut-de-Seine proches de la capitale. On atteint presque 40% dans le 8ème Arrondissement, à Puteaux et à Courbevoie.

À l'inverse, à l'Est, les SUV sont peu présents, notamment lorsqu'on s'éloigne de la capitale.

Les SUV sont surtout l'apanage des classes supérieures et riches

Pour comparer la répartition territoriale des SUV au niveau de vie, Le Fourmilier a utilisé le fichier FiLoSoFi (Fichier Localisé Social et Fiscal) mis à disposition par l’INSEE, qui donne de nombreuses données de revenus par commune.

Ce graphique représente le taux de SUV selon le revenu médian des communes et arrondissements de région parisienne. Chaque point représente une commune. On peut voir qu'en général, plus une commune est riche, plus les SUV sont présents.

Ainsi, les communes avec plus de 30% de SUV ont quasiment toutes un niveau de revenu médian supérieur à 30 000 euros par an.

On retrouve notamment des arrondissements centraux et des communes riches des Hauts-de-Seine.

Quelques exceptions peuvent être dues à des activités économiques qui justifient l'usage de gros véhicules : le marché de Rungis et l'aéroport du Bourget

À l'inverse, les communes avec moins de 20% de SUV sont plus populaires.

On y retrouve les arrondissements parisiens du Nord-Est et de nombreuses communes de Seine-Saint-Denis

Ainsi, plus qu’une opposition Parisiens vs Banlieusards, la répartition des SUV en région parisienne révèle des disparités fondées sur la classe socio-économique.