Le Fourmilier

LE FOURMILIER

Le 28 décembre 2023

Après la Seconde Guerre Mondiale, l’urbanisation s’est accélérée sous l’effet de la croissance démographique, mais aussi et surtout de la place grandissante de la voiture, qui a permis de nouveaux modes de vie : habitat pavillonnaire, centres commerciaux, zones d’activités éloignées du lieu de résidence…

L'agglomération parisienne qui dit bonjour à la campagne

Ce phénomène consistant depuis 70 ans à transformer des terres naturelles ou agricoles en sols durs, bétonnés, imperméables, porte un nom.

Les haies et les bocages

village

Qu’en est-il aujourd’hui ? A-t-on levé le pied ?

Le Fourmilier a fouillé plusieurs bases de données (issues d’images satellites et de permis de construire notamment) pour vous proposer une synthèse visuelle de ce sujet complexe.

Cette carte représente les cantons français qui ont construit le plus de routes entre 2009 et 2022. Plus la zone est foncée, plus on a transformé une large part de terres en routes.
Continue de scroller, on t'emmène faire un tour !

La région autour de La Roche sur Yon a construit 6 fois plus de routes que la moyenne française depuis 12 ans, notamment avec la construction de sa rocade.


7 novembre 2022 - Les Echos

Notre zone frontalière avec le Luxembourg a également été fortement artificialisée, avec de nombreux travaux routiers comme sur le contournement Nord-Est de Metz.


31 août 2023 - France Bleu

La France possède déjà le réseau routier le plus dense d’Europe, et ces projets soulèvent de plus en plus de protestations (exemple en 2023 : l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres).

Mais les nouvelles routes ne sont qu’une petite partie de l’artificialisation des terres en France.

Sur les 12 dernières années, l'artificialisation a été essentiellement due à la création de zones d'habitations (63%).

Ces nouveaux logements sont construits dans deux types de zones : en périphérie des grandes métropoles (majoritairement de l'habitat pavillonnaire), et sur les littoraux (ce sont pour beaucoup des résidences secondaires).


23 octobre 2023 - mesinfos.fr

En deuxième position viennent zones d'activité (23%) : des centres commerciaux, mais aussi des plateformes logistiques, dont le nombre a explosé dans la décennie 2010 avec l'essor du e-commerce.


30 août 2023 - Reporterre

Le réseau routier (6%) semble anecdotique, mais il ne l'est pas, pour deux raisons : déjà, la moitié de l'emprise au sol des zones d'habitation est constituée par la voirie (rues, allées) pour y accéder.
Deuxièmement, ces zones, dépendantes de la voiture, ne pourraient pas exister sans ces infrastructures.

Pourquoi c'est un problème

Voici la quantité de sols naturels et agricoles français que l’on transforme chaque minute en des sols durs, imperméables, bétonnisés.

Quatre terrains de football chaque minute

Une autre manière de le dire : cela correspond à la surface d’un département tous les 12 ans.

Pourquoi c’est un problème ? Déjà, regardons à quoi ressemble notre belle France aujourd’hui, en terme de composition de ses sols :

Pour résumer, la France métropolitaine compte aujourd'hui 50% de surfaces agricoles et 40% de surfaces "naturelles".
Tu peux survoler ou appuyer sur le graphique pour voir plus de détails.

Les 10% restants constituent les fameux sols artificialisés.

A ce stade de l’article, tu serais en droit de sortir une dinguerie du genre “bah ça va c’est que 10%, pourquoi tu pleures”.

Oui, mais attends voir :

En regardant sur 40 ans, on constate que plus on artificialise, plus on perd des terres agricoles.

On se retrouve avec de moins en moins de terres agricoles, pour nourrir une population en constante augmentation.

La logique voudrait que l'artificialisation augmente au même rythme que la population. Or on se rend compte ici qu'on a la main un peu lourde (3 fois trop).

En parallèle de ces dynamiques, le réchauffement climatique et l’épuisement des sols (par les intrants chimiques) altèrent les rendements agricoles : on se retrouve avec moins de terres, moins fertiles, pour nourrir plus de monde.

Cet enjeu de sécurité alimentaire n’est pas le seul lié à ce sujet. En voici quelques autres, en vrac :

  • La perte de biodiversité
  • La perte de régulation du climat (les sols organiques sont des “puits de carbone”)
  • Une plus grande dépendance à la voiture individuelle
  • L’imperméabilisation des sols, qui augmente la vulnérabilité aux inondations et empêche le rechargement des nappes phréatiques. On parle ici de l’artificialisation des rivières et ici de leurs sécheresses.
  • Une mauvaise allocation des ressources dans le secteur de la construction : on fait trop de construction de neuf, et pas assez de rénovation énergétique (qui va à un rythme 20 fois trop lent environ aujourd’hui).

Les solutions

Ça fait déjà beaucoup de graphiques pour aujourd’hui. Si tu t’intéresses aux solutions, on a rédigé deux articles :

  1. Comment arrêter de consommer de l’espace
  2. L’effet d’Airbnb et des résidences secondaires

Pour aller plus loin