Alerte obstacles dans les rivières


Si suis assidûment Le Fourmilier, tu sais maintenant que la France compte 500.000 km de cours d’eau. Cette eau nous a toujours été très utile pour boire, pêcher, naviguer, irriguer nos champs, créer de l’électricité, pratiquer des sports nautiques, etc.

Pour y parvenir, nous avons construit des milliers d’ouvrages (ponts, barrages, détournements, captations). Malheureusement, ceux-ci constituent également autant d’obstacles au fonctionnement naturel des cours d’eau.

Essayons en 5 minutes de comprendre pourquoi, et quelles solutions on peut apporter. Petit quiz pour commencer :

Cela correspond à un ouvrage tous les 5km. On va zoomer dessus, mais avant ça, faisons un point rapide sur la biodiversité.


Le fonctionnement naturel d’un cours d’eau

Du point de vue de la biodiversité, un cours d’eau, ça fonctionne dans les deux sens :

  • Vers le bas, il transporte des sédiments (vase, sable, graviers, galets) depuis les hauteurs vers la mer, ce qui va développer du phytoplancton, qui va nourrir le zooplancton, qui va nourrir les poissons.
  • Vers le haut, les poissons migrateurs (saumon, esturgeon, lamproie, alose) remontent les cours des rivières très loin pour trouver leurs zones de reproduction. Ces poissons remontent également des éléments marins minéraux comme des phosphates et permettent de renouveler ce qui s’était écoulé vers la mer.

Saumons migrateurs pêchés dans l’Allier à des centaines de kilomètres de l’Océan

Tout obstacle construit sur un cours d’eau entrave ce fonctionnement.

L’Office Français de la Biodiversité (OFB) recense tous ces obstacles (taille, nature, localisation…) dans une base de données que Le Fourmilier s’est procurée.


Quels obstacles ?

Intéressons-nous déjà à la taille de ces obstacles.

Si on compte plus de 600 immenses ouvrages (> 10 mètres de haut), la plupart des aménagements dans les rivières sont très petits (moins d’un mètre).

En séparant selon le type d’ouvrage, on voit que l’immense majorité des obstacles sont des seuils de taille modeste.


On en compte plusieurs dizaines de milliers.

Les grands ouvrages (>10 mètres) sont quasiment tous des barrages.

Barrage Saint-Étienne-Cantalès
On en compte environ 500.

Les buses sont de petits conduits cylindriques qui servent à contenir un ruisseau sous une route par exemple

Buse sur le ruisseau Le Canis

Enfin, les obstacles liés à des ponts sont surtout des radiers, c’est à dire des plateformes maçonnées sur lesquelles repose le pont.

Radier de pont
On voit que cela peut créer un petit saut.

Mettez-vous à la place d’un saumon qui veut remonter un cours d’eau pour se reproduire dans sa frayère : Quelle que soit la taille de l’obstacle, même si c’est un petit seuil, il peut suffire à condamner votre descendance.

Ce qui nous mène à la question cruciale…


Pourquoi on construit ces trucs ?

Pour chaque obstacle identifié, l’OFB a consigné sa raison d’être, ce qui nous permet de tracer le graphique suivant. Attention, c’est un peu compliqué mais on va l’expliquer.

Sur la gauche, on retrouve nos différents types d’obstacles. Sur la droite, on voit l’usage de chaque aménagement : transport, agriculture, énergie, stabilisation, loisirs.
Fais défiler, on va explorer le graphe !

Premier constat : comme ils permettent de maîtriser la force et la direction du courant, les seuils répondent à tous les usages. Mais pour une grosse part d’entre eux, on n’est pas en mesure de déterminer leur utilité (certains datent du Moyen-Âge et ils sont parfois obsolètes !).

Les barrages ne servent pas qu’à faire de l’électricité. Ils permettent également d’aménager des plans d’eau pour l’élevage et l’irrigation, ou pour faire des bases de loisirs.

Enfin, les radiers de pont et les buses servent essentiellement à répondre à des problématiques de transport.

Maintenant qu’on a bien les ordres de grandeur en tête, on va pouvoir parler solutions.

Mais avant ça, regardons juste géographiquement où tout cela se trouve.


Où sont les obstacles ?

Parmi les activités qui produisent des obstacles sur les rivières, celle qui est la plus inégalement distribuée sur le territoire est sans contexte l’hydroélectricité. Traçons une carte.

Cette carte nous montre où l’on produit de l’hydroélectricité en France
Fais défiler.

Avec 1700 m³/s, le Rhône est le fleuve le plus puissant de France : on y a construit 18 grands barrages hydroélectriques.

Même histoire sur le Rhin, à la frontière allemande.

Mais surtout, on visualise la multitude de petits ouvrages qui jalonnent les plus petits cours d’eau, notamment dans les chaînes de montagnes, où le dénivelé permet de collecter plus d’énergie.

Parmi ces constructions, les 500 grands barrages sont bien sûr les plus néfastes en terme de biodiversité. Rien ne peut passer, dans les deux sens : ni les sédiments, ni les poissons.

Pour se faire une idée, les 18 barrages sur le Rhône ont divisé par 5 la quantité de sédiments parvenant à la mer : c’est ça de moins à manger pour les poissons.

Par exemple, le grand barrage d’Assouan en Egypte a eu comme conséquence la chute de 95% du nombre de sardines dans le delta du Nil, 1000km plus loin…


Les solutions

Section à écrire

  • éviter ?
    • les seuils inutiles
    • Les barrages et les centrales hydroélectriques produisent de l’électricité décarbonée et représentent 11% du mix électrique français, ce qui est bienvenu en période de transition énergétique.
  • réduire :
    • passe à poissons, graphique des dispositifs de contournement
  • compenser :
    • repeuplement

https://geobs.brgm.fr/


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